Allez-y, essayez pour voir ! En cette fin mars 2020, on vous met au défi de trouver une rubrique dans n’importe quel journal français qui ne traite pas, de près ou de loin, du Covid-19. Rien de choquant, néanmoins. Vicieuse et mortelle, cette pandémie bouleverse nos habitudes, et nos attitudes.

L’économie mondiale est frappée de plein fouet, et le monde de l’entreprise ne fait pas exception. Actuellement, les articles et sujets développant les ravages du virus sur l’entreprise pullulent sur la toile. Encore une fois, rien de choquant. Car une grande gamme de secteurs, avec l’événementiel en première ligne, prennent un bon coup de gourdin, qu’ils n’ont su anticiper. Certains auront beaucoup de mal à s’en relever mais pour d’autres, ce coup brutal pourrait aider à remettre quelques idées en place.

Il n’est pas évident d’être optimiste dans ces périodes troubles, mais loin d’être impossible non plus. Et à plus long terme, cette crise du Covid pourrait bel et bien aider le monde de l’entreprise à se réorganiser, voire se réinventer.

Télétravail, un aperçu de demain ?

En pleine ascension depuis la fin des années 2010 en France, le télétravail et le visiotravail permettent aujourd’hui à beaucoup d’entreprises de poursuivre leur activité pendant la pandémie. Et une fois celle-ci enrayée, cette pratique va certainement se généraliser.

On évoque souvent les avantages des salariés (horaires plus flexibles, autonomie dans l’organisation, sensation de liberté…) en omettant parfois les retombées positives pour les entreprises (augmentation de la productivité, réduction de l’absentéisme et des retards, réduction des frais généraux…). Certes, le télétravail doit être cadré, et ne convient pas à tout le monde, et toutes les entreprises. Mais dans un contexte d’émergence de l’Intelligence Artificielle et des technologies, cette pratique a de beaux jours devant elle. Le travail sur site existera-t-il encore en 2050 ? Rien n’est moins sûr…

Une entreprise qui ne fonctionnerait que sur du télétravail et du visiotravail n’aurait pas de locaux à payer, se délesterait de multiples frais (internet notamment), et contribuerait activement à l’environnement (déplacements limités). Bien que ce modèle ne soit pas applicable dans tous les domaines, il va sûrement s’affirmer et s’adapter petit à petit. Et la crise actuelle lui donne une vraie impulsion.

A titre d’exemple, l’entreprise Fizzer, elle, n’a pas à se plaindre des effets du virus ! Avec des salariés répartis entre la France, le Québec et Bali, l’entreprise ne fonctionne qu’en télétravail. Les collaborateurs, qui travaillent à partir de leur domicile où d’espaces de co-working, se retrouvent physiquement deux fois par an pour un séminaire, et une visioréunion est organisée chaque semaine. Selon Séverine Le Loarn, experte en entrepreuneuriat féminin à Grenoble Ecole de Management, « tout l’enjeu pour les entreprises est de redéfinir le rapport de confiance envers les collaborateurs lorsqu’ils ne sont vus que par les mails ou les visioconférences. »

Solidarité et nearshoring

Mais on le constate encore avec la belle discipline observée lors du confinement, le sens de la responsabilité n’est pas encore au point chez tous les Français… Toutefois, le développement du télétravail, s’il est bien cadré dès le début, pourrait aider à développer l’autonomie des salariésés. Le passage de l’épidémie peut également contribuer a renforcer la solidarité entre collaborateurs. Une notion qui manque, parfois cruellement, au monde de l’entreprise.

De plus, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures pour aider les petites entreprises à traverser la crise. Bien que soumises à beaucoup de conditions (effectif inférieur ou égal a 10 salariés, un chiffre d’affaires 2019 inférieur a 1 million d’euros), cette aide de 1500 E défiscalisée pourrait aider les TPE et micro-entrepreneurs a garder la tête hors de l’eau. 

De plus, selon l’expert en stratégie des organisations Loïck Roche, l’épidémie va accélérer un changement déjà amorcé dans l’organisation de l’économie : « Depuis plusieurs années, certaines multinationales tentent de réduire la dépendance entre leurs chaînes de productions et l’économie de l’Asie et de la Chine. Le but : reprendre le contrôle au sein des secteurs les plus stratégiques. Le Covid-19 provoquera probablement une accélération du phénomène de « nearshoring » (retour progressif d’une partie des capacités d’assemblage final dans les zones plus proches des grands bassins de consommation). »

L’important, ce n’est pas la chute, mais l’atterrissage !