Après notre article présentant les enjeux du surf aux JO, place à son cousin des terres : le skateboard. Lui aussi sera présent cet été au Japon, pour la première fois de son histoire. Et comme dans le cas du surf, cette décision n’émane pas de lui, bien au contraire… Souhaitant rajeunir son audience et toucher un nouveau public, le CIO a fait le choix de la planche pour ces Jeux. Un pari osé, qui se heurte aux hostilités d’un monde où la liberté a toujours primé sur l’esprit de compétition. Afin de réussir son entrée aux JO et préparer au mieux la suite, le skate olympique doit donc affronter deux défis majeurs.  

Convaincre son public  

Le monde olympique, une consécration pour le skate ? Pas vraiment, à en écouter certains. En effet, beaucoup de pratiquants y voient la fin d’une liberté, et une volonté de mettre un cadre à un monde qui n’en a pas besoin. Légende vivante du surf (il a quand même une série de jeux vidéos à son nom le bonhomme…), Tony Hawk n’était pas tendre avec les JO : “Ce qui m’inquiète, avec tout cela, est que les les jeunes se mettent à pratiquer le skate pour de mauvaises raisons, comme la recherche de la gloire ou de la fortune” lachaît-il . A mes yeux, notre sport a tellement plus à offrir, surtout aux jeunes. Je pense notamment à la confiance en soi, à la recherche de sa propre identité, ou encore à la possibilité de repousser ses limites. Mais pour cela, nul besoin de se lancer dans la compétition”. Ça, c’est dit  

Certains streetskaters donnent raison à l’américain de 52 ans, qui incarne tout de même la vieille école. Les débats actuels sur le skate olympique rappellent un peu ceux qui entouraient le snowboard pour son entrée aux JO d’hiver en 1998, également au Japon. Et 21 ans plus tard, le “skate des neiges” fait l’unanimité. Son sort olympique du snowboard a été progressivement accepté, avec un changement de génération. Comme souvent, l’évolution et le changement ne sont pas évidents à intégrer, mais passeront sans doute après une phase de transition.  

Surtout que l’étiquette olympique va apporter son lot de bienfaits au skate. Le bougon Hawk l’a reconnu lui-même, quelques mois après son coup de gueule : “Il y a une opportunité de montrer les attributs positifs du skateboard à la jeunesse et d’exposer les compétences indéniables de quelques-uns des meilleurs skateurs à notre plus grande audience. Il y a aussi une chance, pour les garçons et les filles venant des coins les plus difficiles du monde, de trouver une meilleure vie à travers le skate, avec cette nouvelle exposition et acceptation. J’ai confiance au fait que cela va inspirer une nouvelle génération à adopter le skate comme un style de vie, une culture et un art. » Voilà quand tu veux, Tony !  

Attirer des investisseurs pour se structurer  

Entre autres, un vrai motif d’espoir s’est manifesté cet été à Doha. Aux mondiaux de plage 2019 dans la capitale qatarie, le skate a réussi une entrée éclatante. Le public a été enthousiasmé et certains sponsors se sont montrés intéressés. Et tant mieux, car le skate en aura bien besoin.  

Car le skateboard ne dispose pas d’une fédération propre, et dépend de la fédération de roller depuis 1996. Il dispose toutefois d’un statut “légal” en France. Ce label permet d’organiser des compétitions nationales et internationales, la professionnalisation, et la création de projets à filière sportive. Cependant, la discipline a impérativement besoin d’investisseurs. D’abord pour assurer et pérenniser son succès aux JO, mais surtout pour se structurer. Aujourd’hui, la France compte plus d’un million de streetskaters, pour seulement 2500 licenciés à travers le pays. C’est peu, trop peu…  

Avec l’aide d’investisseurs, le skate devra donc profiter du tremplin olympique pour se structurer, et gagner sa crédibilité comme sport olympique. Car la discipline a du potentiel… Elle devrait apporter la fraîcheur et la cure de jouvence aux Jeux, tant recherchée par le CIO, et s’imposer comme une vraie discipline à part. Tout en sachant qu’en 2024 à Paris, le skate sera reconduit, et les débats qui l’entourent seront sûrement moins ardents…