Vous l’avez remarqué, vous aussi ? Les vélos se multiplient en ville, et ce n’est pas une illusion. Sa pratique, qui avait explosé lors de la crise des transports, a de beaux jours devant elle. Les entreprises ont de belles raisons d’en profiter. 

  • Une pratique en plein essor

Pour encourager les Français à se tourner davantage vers le deux-roues, le gouvernement a augmenté massivement le budget du fameux « Plan Vélo ». Celui-ci est passé de 20 à 60 millions d’Euros, comme l’a annoncé la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne. Et l’Etat va même jusqu’à financer des cours dans des vélo-écoles. Le message est clair ! Mais pourquoi un tel investissement ?

C’est simple : ces derniers mois, l’usage du vélo a presque doublé dans la plupart des villes de France. Selon Eco-compteur, Paris et sa banlieue, Strasbourg, Lyon, Rouen et Mulhouse ont enregistré une progression de 60 à 100% du nombre de passages entre fin mars et fin avril. Confinement oblige, car ces chiffres s’expliquent surtout par la peur d’être contaminé dans les transports. La bicyclette possède en effet le double avantage de respecter les distanciations sociales, et de lutter contre la pollution de l’air. Du pain béni en pleine crise sanitaire, donc. Toutefois, si la pandémie a donné une impulsion à la pratique du vélo en France, celle-ci était déjà en progression depuis plusieurs mois. Encore à une période bien spéciale…

Les embouteillages de vélos à l’hiver 2019, ça vous dit quelque chose ?  Entre le 5 décembre et le 15 janvier dernier, le fidèle deux-roues était venu à la rescousse d’une population paralysée par les cheminots. Au cours de la grève, la pratique avait littéralement explosé. Trois fois plus de vélos étaient alors utilisés en ville, et pour des distances bien plus longues. En effet, un vélo faisait entre 15 et 18 km par jour avant décembre. Au cours du moins, il montait jusqu’à 50-55km, en moyenne. Depuis, les transports ont repris leur cours. Mais beaucoup de ces cyclistes ont pris goût à la pratique, et se sont inscrits dans la durée.

En Ile-de-France, par exemple, le vélo est l’unique mode de transport qui progresse ces deux dernières années. A Paris, son nombre augmentait déjà de 54 % entre septembre 2018 et septembre 2019, sur 56 sites équipés de compteurs par la mairie. Et, info intéressante : il s’agit majoritairement de déplacements liés au travail, et non d’activité sportive ou de loisirs, selon les données d’Ecocompteur, qui sont actualisées deux fois par semaine.

  • Forfait mobilité : tout bénéf’ pour les entreprises !

Puisque le vélo est en plein essor, pourquoi ne pas en profiter ? Surtout que le « forfait mobilité durable » est officiellement entré en vigueur fin mai. Il remplace, et améliore l’indemnité kilométrique vélo, promulguée il y a trois ans dans l’indifférence générale. Désormais, tous les employeurs pourront contribuer au frais de déplacement domicile-travail à vélo de leurs salariés sur une base forfaitaire jusqu’à 400 €/an en franchise d’impôt et de cotisations sociales. Du gagnant-gagnant donc… En plus du vélo, cette exonération s’applique également au covoiturage ou aux véhicules électriques, hybrides et à hydrogène.

Bonne nouvelle pour les entreprises, et leurs collaborateurs cyclistes. Ces derniers font d’ailleurs bien plus d’économies que leurs collègues automobilistes (rouler en voiture coûte de 0,26 à 0,66 euro au kilomètre, selon la cylindrée, contre 0,13 euro pour le vélo). Ce qui ne les empêche pas de représenter encore une minorité au sein des agences. La distance avec le lieu de travail et la crainte d’arriver au bureau suant comme un goret sont deux des principales entraves à sa pratique. Mais ces arguments sont-ils vraiment solides ?

Pour le premier cas, rappelons que le vélo est une excellente alternative à la voiture pour les déplacement inférieurs à 7km, qu’ils fait gagner du temps, et économiser du carburant, donc de l’argent. De plus, en région parisienne, 74% des déplacements sont inférieurs à 5km. Et à l’échelle du pays, deux-tiers des déplacements en ville font moins de trois kilomètres. Malgré cela, 60 % des trajets entre un et trois km sont effectués en voiture. C’est donc, bien souvent, une question de volonté, le seul remède vraiment efficace contre la flémingite aigüe. Et pour combattre la transpiration, aménager une douche pour les salariés peut être une bonne idée. Vos employés sportifs vous le rendront bien. En allant au bureau à vélo, ils auront largement rempli les 2h30 d’activité physique par semaine recommandés par l’OMS. Men sana in corpore sano, leur productivité pourrait alors grimper.

Enfin… c’est la planète qui gagne !

En France, le premier émetteur de gaz est, on vous le donne en mille, celui des transports. La réduction du trafic automobile est donc l’un des leviers pour agir sur l’environnement. Ainsi, le « Plan Vélo » s’inscrit  dans cette logique :  commuer une partie des déplacements en voiture vers les transports en commun ou les mobilités actives (marche, vélo, lime, rollers etc). Mues par l’énergie humaine, ces dernières ne consomment pas la moindre goutte de carburant et n’ont, par conséquent, aucun impact négatif sur le climat.

En outre, la bicyclette a d’autres atouts pour la planète, particulièrement précieux en milieu urbain. Par exemple, un vélo ne produit aucune nuisance sonore, et occupe peu d’espace public. En stationnement, un vélo prend, au maximum 1 m2, contre 10m2 pour une voiture. Et en déplacement, un cycliste consomme environ cinq fois moins d’espace qu’un automobiliste. Et par dessus le marché, un cycliste émet presque 8 fois moins de CO² en pédalant que l’automobile en roulant.

Aller travailler en vélo, c’est donc respecter la planète, et même gagner du temps. En effet,   le vélo est, en effet, plus rapide que la voiture jusqu’à cinq kilomètres de trajet, (15 km/h pour le vélo et 14 km/h pour la voiture selon le CEREMA) en raison des bouchons en ville. Plusieurs de nos voisins comme les Pays-Bas, le Danemark ou même l’Allemagne l’ont compris depuis longtemps. Aujourd’hui, 26% des Danois et 20% des Néerlandais urbains vont au travail  à vélo. Contre seulement 4,7 % des Français (chiffres de l’INSEE en 2018). Un beau comble quand on sait que le vélocipède est une invention française…